Le storytelling dans le jeu de société : quand les univers racontent

Pourquoi le storytelling dans le jeu est devenu essentiel

Le storytelling dans le jeu n’est plus une option. Dans un monde saturé de récits — séries, films, podcasts, romans, jeux vidéo — les joueurs et joueuses attendent aussi du jeu de société qu’il offre une expérience narrative, même subtile. Le récit ne se contente plus d’habiller une mécanique : il inspire, oriente, porte le jeu.

Chez Pythia Games, nous défendons l’idée que le jeu de société est un bien culturel, et que le récit, qu’il soit explicite ou en creux, fait partie intégrante de l’expérience. Mais tous les jeux ne racontent pas de la même manière : encore faut-il distinguer jeu narratif et jeu narrativisé.

Jeu narratif ou jeu narrativisé : une distinction fondatrice

Le jeu narratif : la structure est l’histoire

Un jeu narratif repose sur une trame scénaristique centrale. L’histoire structure le jeu, elle en est la colonne vertébrale. Les mécaniques se plient à une progression narrative, souvent à embranchements. T.I.M.E Stories, The King’s Dilemma, Chroniques du Crime : autant d’exemples où l’on joue dans un scénario, et où le but est de vivre une histoire.

Le joueur y devient un personnage romanesque, emporté dans un récit qu’il façonne à mesure.

Le jeu narrativisé : l’univers donne du sens

Un jeu narrativisé, au contraire, propose un univers riche qui soutient la mécanique sans la diriger. L’histoire n’est pas racontée, elle se suggère. Elle est dans les cartes, les plateaux, les pouvoirs asymétriques, les symboles.

Root, Scythe, Kemet, Pax Pamir : ces jeux ne déroulent pas une histoire, mais offrent un cadre narratif cohérent. Le monde dans lequel on joue donne une profondeur thématique à chaque action.

C’est cette voie que suit Pythia Games : construire des jeux narrativisés, ancrés dans des univers denses, inspirés par les mythes anciens, la philosophie antique, ou les utopies oubliées.

L’univers de jeu : une clé de l’engagement

Une étude menée par Quantic Foundry (2019) sur les motivations des joueurs montre que la dimension narrative compte pour près de 50 % des joueurs, juste derrière les mécaniques et l’interaction sociale. Ce goût pour l’univers dépasse les genres : stratégie, aventure, coopération… tous peuvent être nourris par un cadre narratif fort.

Dans le jeu vidéo, cette attente est encore plus marquée. Des œuvres comme Red Dead Redemption 2, Hades ou Disco Elysium proposent des mondes incarnés, où chaque détail raconte. Or, cette exigence vis-à-vis de la narration traverse désormais les frontières des médiums. Le joueur de jeux vidéo d’hier est aussi joueur de société aujourd’hui — et il attend d’être immergé.

Le jeu de société narrativisé devient alors un terrain fertile : il offre l’imaginaire, laisse la place à l’interprétation, sans contraindre par un script. L’univers devient un levier de choix, une boussole esthétique, parfois même un moteur d’achat.

La “cinématographisation” du jeu : quand l’image inspire la narration

Depuis plus d’une décennie, on parle de la cinématographisation du jeu : scénarisation accrue, décors soignés, rythme dramatique, visuels évocateurs. Ce phénomène, très marqué dans le jeu vidéo, s’étend peu à peu au jeu de société.

Les plateaux deviennent des fresques narratives. Les mécaniques suivent un rythme dramatique. Les règles prennent parfois la forme d’une mise en scène, à la première personne. On joue alors dans un cadre visuel et émotionnel proche du storyboard.

Cette évolution ne gomme pas les spécificités du médium : le toucher du matériel, la présence des autres autour de la table, l’oralité de la partie restent uniques. Mais l’influence du cinéma transforme la façon dont les jeux de société racontent, évoquent, interpellent.

Pythia Games et le récit par l’univers : un storytelling à la grecque

Chez Pythia Games, nous ne racontons pas d’histoires : nous les faisons émerger.
Notre premier jeu, ancré dans une Atlantide en reconstruction, propose une expérience mythique sans imposer de scénario. Chaque joueur incarne un héros fondateur, inspiré des épopées antiques, dans un monde à rebâtir — ensemble, mais avec des ambitions divergentes.

Les références à Platon, à Homère, à Francis Bacon ou à la tragédie grecque ne sont pas décoratives : elles structurent le jeu, portent les mécaniques, teintent les choix, donnent du poids aux dilemmes.

Nous faisons le pari d’un jeu narratif sans narration imposée : un jeu où l’univers inspire, mais où la partie raconte à sa manière, dans l’interaction des joueurs, dans les silences, dans les tensions.

Vue de l'acropole
Dans notre approche, les mécaniques sont guidées par la narration symbolique, mais jamais bridées. Nos jeux ne déroulent pas un récit : ils permettent au joueur de le sentir, de le reconstituer, de l’interpréter. Découvrez Timè

Pourquoi le storytelling dans le jeu est un enjeu culturel pour Pythia Games

Le storytelling dans le jeu est un langage culturel à part entière. Il donne de l’épaisseur aux mécaniques, du relief aux décisions, du sens aux gestes. Il relie le joueur à un imaginaire collectif — qu’il soit mythologique, historique ou utopique.

En tant que bien culturel, le jeu de société est aussi un espace de médiation, de transmission, de réinterprétation. Il crée du récit là où il n’y avait que des règles. Il fabrique de la mémoire là où il n’y avait qu’un plateau.

Chez Pythia Games, nous croyons à cette puissance douce : faire sentir une histoire, plutôt que la raconter.

En conclusion : raconter sans imposer, construire des mondes à habiter, la vocation de Pythia Games

Le storytelling dans le jeu de société n’est pas une simple tendance : c’est une évolution culturelle profonde. Le jeu devient un espace où l’on explore des mondes riches de sens, où chaque choix s’inscrit dans un imaginaire partagé. Qu’il soit narratif ou narrativisé, le jeu raconte — non pas en déroulant une histoire écrite à l’avance, mais en ouvrant des possibles narratifs que chaque joueur s’approprie.

La porosité croissante entre jeu vidéo et jeu de société, la cinématographisation du médium, l’importance croissante des univers immersifs : tout cela montre que nous ne jouons plus seulement pour gagner, mais aussi pour habiter un monde, pour nous y projeter, pour en interpréter les signes.

Chez Pythia Games, nous croyons à cette forme subtile de narration, à mi-chemin entre esthétique, stratégie et mémoire collective. Nos jeux ne racontent pas tout : ils suggèrent, structurent, éveillent. Ils laissent de la place au joueur pour écrire son propre mythe, à la croisée des règles et du rêve.

Dans un monde saturé d’images et de récits prédéfinis, le jeu narrativisé offre une autre voie : celle de l’interprétation libre, du récit vécu, de l’histoire en creux. Et c’est peut-être là que réside sa plus grande richesse — en tant que véritable bien culturel, à la fois tangible, sensible, et profondément humain.


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